Né lors des projets Innovation & Entrepreneuriat, Solstix a pour ambition d’accompagner les agriculteurs béninois vers une agriculture plus performante en intégrant l’utilisation d’énergies renouvelables sur leurs exploitations. Interview de Paul-Marie Zinsou, élève-ingénieur EIGSI, promotion 2022 et membre de l’équipe projet.
Bonjour Paul-Marie, peux-tu nous présenter votre Solstix ?
À l’occasion des projets I&E, nous souhaitions réaliser un travail en corrélation avec nos valeurs. Les énergies renouvelables se sont donc rapidement imposées à nous, d’autant plus que deux d’entre nous suivent la dom
À l’origine, nous souhaitions installer une centrale photovoltaïque au Bénin et revendre l’énergie. Mais, le projet a rapidement bifurqué pour se concentrer sur l’agriculture qui représente presque 30% du PIB du pays.
Nous nous sommes rendus compte que certaines zones rurales béninoises ne possèdent pas encore de réseaux électriques centralisés. Les agriculteurs, qui ont besoin d’électricité pour travailler (irrigation, broyage, séchage..) utilisent donc principalement des groupes électrogènes au fioul pour produire leur électricité. Une méthode polluante et soumise aux fluctuations du prix du combustible. C’est de ce constat qu’est né Solstix qui a pour objectif de se positionner sur le marché du conseil dans l’agriculture, quasiment inexistant au Bénin.
Le projet a l’ambition d’accompagner les agriculteurs béninois et les coopératives dans une transition écologique en leur permettant d’installer des systèmes de production d’énergie plus vertueux, principalement solaires. Pour l’agriculture c’est un double intérêt écologique et économique.
Quelles ont été les étapes clés de ce projet ?
Tout d’abord nous avons réalisé une étude d’impact. Cette dernière nous a permis d’identifier le pays le plus pertinent pour ce projet. Nous avons retenu différents critères comme l’ensoleillement, la stabilité politique, la défaillance de couverture du réseau électrique, mais aussi l’intérêt politique pour les énergies renouvelables. Le Bénin est donc apparu comme un marché idéal avec un grand besoin potentiel en matière de conseil en transition énergétique.
Suite à cette première étude, nous avons réalisé une étude de marché pour analyser les projets similaires et ainsi avoir une idée plus précise du profil cible. Nous nous sommes alors rendu compte qu’il valait mieux cibler les coopératives plutôt que les agriculteurs de manière individuelle. En effet, ces coopératives regroupent plusieurs exploitants et ont, de fait, un pouvoir d’achat plus important.
Nous avons alors pris contact avec CUMA Bénin (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole). Il s’agit d’une association qui accompagne les agriculteurs béninois afin d’améliorer leurs conditions de travail. Au travers de nos échanges, nous avons été mis en relation avec deux coopératives situées dans les départements du Borgou et des Collines, avec qui nous avons commencé à travailler.
Nous avons réalisé un questionnaire que l’on a envoyé aux animateurs des coopératives afin d’évaluer leur besoin en électricité et ainsi dimensionner les solutions techniques.
Qu’est-ce que tu retires de ce projet ?
Travailler sur un tel projet est évidemment une aventure riche et passionnante. J’en retire beaucoup de choses positives tant personnellement que professionnellement.
D’un point de vue personnel, le fait de répondre à un vrai besoin en électrification et d’accompagner la transition énergétique, c’est forcément valorisant. De plus ce projet m’a permis de prendre davantage conscience de certains enjeux majeurs auxquels font face les territoires africains tels que l’accès à l’électricité et le développement durable.
Professionnellement, cette année de travail nous a permis à tous de renforcer nos compétences en gestion de projet, en organisation ainsi que de développer notre sens de la communication et notre adaptabilité. Nous avons également pu mesurer l’importance d’avoir un bon réseau dans une aventure entrepreneuriale. En effet, pouvoir exposer son projet à des décideurs permet forcément de faire avancer les choses plus rapidement. Nous avons notamment été en contact avec M. Armand VIGNON, le Directeur de la Maison de la Société Civile du Bénin qui nous a accompagnés sur le projet.
Quelles sont les prochaines étapes pour Solstix ?
Actuellement le projet est toujours en cours et une partie a été confiée en tant que sujet de projet I&E à un groupe de la promotion 2023.
L’idée pour eux sera d’approfondir le dimensionnement des parcs photovoltaïques avec des données plus précises.
Dans le même temps, nous allons créer une association afin de réaliser des demandes de financement et lancer une campagne de crowdfunding. Ces financements serviront à nous rendre sur place et surtout à réaliser les deux premiers projets.
À terme, l’ambition de Solstix est de devenir une entreprise de conseil reconnue dans les énergies renouvelables appliquées dans le domaine agricole.
Ces deux projets servent de bêta–tests afin de valider notre modèle et devenir un acteur majeur de la transition énergétique en Afrique dans le secteur agricole.
Les projets Innovation et Entrepreneuriat, une étape incontournable de la formation EIGSI.
L’innovation est l’une des 5 valeurs clés de l’EIGSI La Rochelle. Dans cette optique et afin d’accompagner les apprenants dans leurs démarches d’innovation, l’EIGSI propose les projets I&E.
Ces projets servent de mise en application des différents enseignements de tronc commun dispensés en 4ème et 5ème année. Marketing, gestion de projet, conception produit, démarche innovation… L’ensemble des enseignements permet aux élèves-ingénieurs de disposer des compétences pour mener à bien ces projets.
Cette démarche d’innovation est essentielle pour un ingénieur généraliste. En effet, les entreprises notamment industrielles sont en demande d’ingénieurs capables d’imaginer des produits & services innovants permettant d’obtenir des avantages concurrentiels.
Ces projets se poursuivent ensuite souvent, soit par leur mise en application dans des entreprises existantes, soit par la création d’une entreprise par des élèves-ingénieurs. Par exemple, l’application Kaptor qui permet aux utilisateurs de monitorer leur état de forme, a été créée suite à un projet I&E.