Rose CAMPBELL et Souad BEZZAOUCHA, respectivement enseignantes-chercheuses en mathématiques et en automatique, ont effectué leur première rentrée au sein de l’EIGSI La Rochelle. Portrait de ces deux nouvelles enseignantes passionnées et passionnantes.
EIGSI – Bonjour, pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Rose –J’ai 36 ans, je suis canadienne, diplômée de l’université d’Ottawa au Canada en mathématiques (Bachelor) puis de l’université d’Aix Marseille où j’ai obtenu un doctorat en océanographie en 2012. Je suis arrivée en France en 2005, au départ simplement pour devenir bilingue et puis j’ai choisi d’y rester. Avant de me consacrer à 100% à l’enseignement, j’ai travaillé sur différents projets de recherche avec l’EIGSI dans le domaine des énergies renouvelables marines et de la pollution marine. J’ai aussi travaillé dans l’analyse de données au service de la protection d’espèces menacées pour plusieurs parcs nationaux. Je me consacre aujourd’hui à 100% à mes activités d’enseignement et de recherche au sein de l’EIGSI.
Souad – J’ai 37 ans, je suis algérienne. J’ai fait mon parcours à Alger à l’école National Polytechnique. J’y ai d’ailleurs obtenu un magistère (bac+7) en automatique avancée en 2007. J’ai ensuite décroché une bourse du gouvernement japonais. J’ai donc passé un an à l’Université de Kyoto en tant que chercheuse en aérospatiale. J’ai ensuite enchainé avec une thèse, obtenue en 2013, à Nancy au sein du CRAN (Centre de Recherche en automatique de Nancy). Cette dernière portait sur la représentation polytropique des systèmes non linéaires. Après ma thèse, j’ai rejoint l’Université SNT au Luxembourg pour travailler sur des projets européens en tant que chercheuse en cybersécurité.
Qu’est-ce qui vous motive dans l’enseignement ?
Rose -J’ai donné mon premier cours à 13 ans ! Je me rappelle c’était payé 5 $ (canadiens s’il vous plait), j’aidais des petites filles qui était en CE2, déjà sur des mathématiques ! Ce qui me plait dans la vie, c’est d’aider les gens au sens large. Pour moi enseigner c’est aider les élèves à progresser intellectuellement et professionnellement bien sûr. L’idée de transmission est capitale, mais ça va au-delà. Ce qui me motive c’est d’accompagner, de coacher, de discuter et d’orienter.
Souad – Ce que j’aime dans l’enseignement, c’est garder le lien avec les étudiants. Ça permet souvent d’avoir un point de vue plus terre à terre que celui d’un chercheur. C’est un exercice complexe, car il faut savoir vulgariser des notions assez pointues en fonction de son audience et je trouve ça très intéressant. C’est cet échange avec les étudiants que je trouve très motivant.
Un petit mot sur le programme de votre matière au sein de l’EIGSI ?
Rose –En première et deuxième année de cycle préparatoire, les apprenants reçoivent un volume important d’enseignements en mathématiques. Nous posons un socle de calculs, d’analyses et de probabilités, mais aussi d’algèbre et de géométrie. C’est la base nécessaire pour tous les cours de sciences de l’ingénieur qu’ils vont découvrir par la suite (mécanique, informatique, automatique …). En cycle ingénieur, les mathématiques continuent bien sûr, nous poursuivons sur les notions de statistiques et d’optimisation. À partir de Bac+3, les mathématiques servent surtout par la mise en application concrète des concepts. Ceci à l’aide des enseignements en sciences de l’ingénieur.
Souad –Pour le cycle préparatoire, nous proposons un cours optionnel sur l’introduction à la robotique. Celui-ci permet de présenter les notions de base, principalement de modélisation et de représentation du comportement de différents robots. Concernant le cycle ingénieur, j’interviens principalement dans les cours d’automatique et la dominante mécatronique. L’idée est de faire l’étude des systèmes en prenant en compte leur stabilité et la synthèse de commandes.
Nous travaillons en nous appuyant sur des projets concrets. Par exemple, en dominante mécatronique, les élèves vont travailler sur un bras robotisé. Ils vont devoir réaliser la modélisation et l’étude projet en collaboration avec les enseignants de mécanique et d’électricité. C’est donc un projet transversal, chaque équipe projet va être composée d’élèves ayant choisi différentes dominantes.
Les mathématique et l’automatique sont-ils indispensables dans le métier d’ingénieur ?
Rose –Les mathématiques sont indispensables pour mieux comprendre le monde dans son ensemble. C’est aussi un outil primordial et un prérequis pour aborder toutes les autres sciences de l’ingénieur. Pour être un bon ingénieur, il faut forcément un socle solide en mathématiques, car toutes les fonctions, toutes les matières vont utiliser les mathématiques. Personnellement, j’ai toujours été à l’aise en mathématiques, mais je m’y suis vraiment intéressée quand j’ai compris qu’ils s’appliquaient à tous les domaines du monde dans lequel nous vivons.
Souad – Le gros avantage de l’automatique c’est que l’on allie la théorie et la pratique. Les ingénieurs peuvent ensuite travailler en R&D dans des laboratoires de recherche, mais aussi dans des domaines applicatifs comme dans la robotique (les drones par exemple) ou encore dans l’automatisme dans l’industrie. Il y a énormément d’applications dans la chimie, l’environnement, l’aérospatial, l’électricité… Pour faire fonctionner un système quel qu’il soit, il est nécessaire de faire une étude de faisabilité, de commandabilité et c’est là que l’automaticien intervient.