En tant qu’apprenti, Ithier a eu la chance que l’EIGSI lui propose une formule originale pour la réalisation de son expérience internationale. L’apprenant peut en effet présenter un projet personnel argumenté et motivé, justifiant d’un intérêt pédagogique. La direction des études évalue ensuite l’apport du projet dans la parcours de l’apprenti EIGSI qui valorise ainsi une expérience internationale différenciante.
Bonjour Ithier, pouvez-vous rapidement vous présenter ?
Je suis originaire de la région Champagne-Ardenne, j’ai passé toute ma scolarité à Reims. J’ai rejoint l’EIGSI en 2ème année de cycle préparatoire après une première année de CPGE (PCSI) via la procédure d’admission AvenirPlus.
Actuellement, je suis en 5ème année à l’EIGSI en dominante Performance Industrielle et en apprentissage au sein de La Française, une société de gestion d’actifs. Je suis rattaché à la direction des produits de diversification et ma mission principale est de participer à la gestion de fonds et de propriétés viticoles. Les années précédentes, j’étais également en alternance dans le secteur automobile au sein du groupe Renault en tant qu’architecte flux process.
Racontez-nous la genèse de ton projet
Dans le cadre de ma formation, je dois valider au moins 12 semaines à l’international. J’ai privilégié un projet personnel estimant que ce serait un vrai plus dans mon parcours. C’est à partir de ce choix que mon aventure a commencé !
J’ai effectué de nombreuses recherches sur internet avec une première idée en tête : l’Amérique du sud et 12 semaines pour vivre une aventure.
Finalement j’ai trouvé ce que je cherchais : une estancia (un ranch) qui pouvait m’accueillir plusieurs mois.
Comment s’est déroulée votre aventure ?
Je suis arrivé à Buenos Aires, la capitale argentine où je suis resté quelques jours pour découvrir la ville et me remettre du décalage horaire.
Ensuite, j’ai pris la route pour l’estancia en bus, un voyage de 20h pour traverser le pays ! C’est un moyen de transport très développé en Amérique du Sud.
L’exploitation se situe au nord-ouest de la Patagonie, au pied de la Cordillères des Andes. Elle est tenue par un propriétaire français depuis 20 ans. Elle fait environ 30 000 hectares, soit 3 fois la surface de Paris ! Là-bas, c’est le désert, la nature y est sèche, aride, rude pour les hommes et les animaux.
L’estancia vit principalement de l’élevage bovin puisqu’elle possède 1 200 vaches élevées de manière extensive pour leur viande. Le travail s’y fait exclusivement à cheval, impossible pour des véhicules mécaniques de passer partout. Le propriétaire possède pour cela plus de 50 chevaux mis à la disposition des gauchos, les “cow boys” argentins, qui travaillent au service de l’exploitation.
Pour résumer, mon travail là-bas consistait à aider les gauchos dans leurs tâches quotidiennes. J’étais un apprenti gaucho !
Je participais donc au déplacement des vaches d’un parc à l’autre, à leur regroupement… J’aidais également aux tâches quotidiennes, inhérentes à la vie en communauté. Par exemple, tous les 2 jours nous devions couper du bois pour se chauffer. En effet, la température la nuit pouvait descendre jusqu’à -12°C !
J’assurais aussi une partie de la maintenance comme la réparation des clôtures, le changement d’une vanne qui sert à l’acheminement de l’eau jusqu’à nos logements. J’ai même déblayé de la neige sur des lignes électriques après de grosses précipitations.
Et le reste du temps je me baladais à cheval à travers le désert patagonien. J’aimais beaucoup écouter le silence qui régnait au milieu de nul part. C’est assez déroutant mais tellement plaisant.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Aujourd’hui, je peux affirmer que cette expérience a été extrêmement enrichissante pour moi. Je n’aurais pas pu rêver mieux.
Le fait d’être le seul français parmi les gauchos ne m’a pas vraiment dérangé, c’est même ce que je recherchais. Je ne me suis jamais ennuyé ou senti seul, malgré les conditions de vie spartiates. Le fait d’avoir un cheval à disposition me permettait de partir où je voulais quand je voulais, c’est un sentiment de liberté incroyable.
Bien entendu, j’ai beaucoup progressé en espagnol, malgré l’accent des gauchos et leur vocabulaire parfois bien à eux.
J’ai appris à vraiment monter à cheval. Ils pratiquent une équitation à l’instinct, bien loin des standards européens, mais tant que l’on peut faire ce que l’on veut avec un cheval, je pense que c’est le principal.
Par exemple, j’ai appris à mon cheval à pêcher (rire). J’ai dû lui apprendre à rester immobile dans l’eau, dans une rivière froide avec du courant. C’est quelque chose qui n’est pas du tout naturel pour un cheval, j’ai dû faire preuve de patience et de pédagogie pour qu’il dépasse ses craintes.
Et puis, j’ai aussi beaucoup appris sur moi-même et ça me sert maintenant tous les jours. Par exemple, j’appréhende le monde ou la vie avec beaucoup plus de relativité… J’aborde les problèmes plus sereinement avec maîtrise et objectivité.
Cette vie simple, rustique, que j’ai pu vivre là-bas aura un impact sur mon futur mode de vie. Je souhaite vraiment essayer de rechercher une forme d’indépendance, dans le travail par exemple pour ma future carrière.
Y’ aura-t-il une suite à ce projet ?
Oui et non… Enfin une suite à cheval très certainement. Il y a de nombreux endroits à découvrir dans le monde avant de retourner en Patagonie ! Je reste bien entendu en contact avec les personnes que j’ai rencontrées là-bas. On échange encore régulièrement, on se donne des nouvelles.
La suite pour moi c’est de continuer à découvrir d’autres endroits reculés et voyager de manière atypique.
Finalement ce que j’en retiens, c’est que voyager dans des endroits que tout le monde voit ça ne m’intéresse pas du tout… Voyager pour moi c’est découvrir des choses plus personnelles. Rencontrer des gens ayant un vécu, partager des expériences avec eux, en contradiction totale avec un tourisme récréatif.